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Si huevon, un pirigüín!
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Si huevon, un pirigüín!
18 septembre 2006

Chap 13 : Fiesta de la patria a la playa* (18 septiembre)

            Fin du concert, 3h du matin et nous prenons la route vers l’est, vers la cote, vers la mer. Nous arrivonsPhoto_joaquin_151 jusqu’à El Quisco, chez le papa de Joaquin. Son papa est propriétaire d’une quinzaine de petits cabanons qu’il loue, tous situés sur la même parcelle de terrain, au milieu duquel il a lui-même construit sa maison. Il nous a réservé la cabaña numéro 6, juste à coté de la maison. C’est un super joli bungalow, très cosy, très accueillant, avec six lits et tout le confort nécessaire.

            On s’installe rapidement et on part avec nos ponchos, affronter, en pleine nuit, le vent glacial qui vient de la mer. On passe devant la "playa de los ahogados"*, une plage rocailleuse, ou le courant est tellement fort qu’il a déjà emporté un certain nombre de baigneurs inconscients. Escalade sur les rochers jusqu’à "la rompiente", l’endroit le plus avancé dans la mer, ou les vagues viennent puissamment frapper les rochers. Nous restons là, à admirer l’écume des vagues, jaillissant de la mer jusqu’au ciel, tachetant de blanc la noirceur du ciel parsemé de milliers d’étoiles. Il est 6h du matin et nous allons nous coucher, pas sans avoir bu un verre d’eau chaude avec du sucre (oui, en fait ce n’est pas un truc typique, c’est juste parce que on n’avait pas de thé !)P1010004.

            Le lendemain midi, réveillés par les oiseaux, le soleil et surtout par le papa de Joaco, nous sommes invités à déjeuner au restaurant, avec le papa, la belle-mère, le grand frère Leo. Touchantes retrouvailles familiales, où les enfants charrient leur père, où la belle mère leur donne raison, où le père taquine ses fils et où tout le monde charrie la petite française !

           Dans l’après-midi, nous avançons un peu plus sur le littoral, jusqu’à Isla Negra, pour rendre visite à l’autre partie de la famille, soit la maman de Joaco, sa grand-mère, son arrière grand-mère, ses oncles et tantes,…Un endroit merveilleux, plein d’arbres et de plantes de toutes sortes. Ici, c’est pire que chez le père de Joaco, cet immense morceau de terrain appartient à sa famille depuis des générations. En me désignant plusieurs maisons tout en bois, magnifiques de l’extérieur (sublimes de l’intérieur, je l’ai constaté plus tard !), Joaquin m’explique que celle-là c’est celle de sa grand-mère, celle-ci de son arrière-grand-mère, cette autre de sa tante,…et ainsi de suite. Incroyable endroit face à la mer, incroyables maisons avec une baie vitrée sur toute la longueur et une terrasse qui les entoure, incroyable havre de paix, petit paradis sur terre…La grand-mère de Joaquin est une grande dame, "cuica"* selon lui et adorable, qui nous raconte comment cet endroit finit par s’appeler Isla Negra. A l’époque ou la grand-mère était une toute petite fille, sa famille a décidé de changer le nom du village (non sans se battre contre les partisans du nom original) en P1010028l’honneur de la noirceur des rochers qui bordent la péninsule. Nous faisons le tour du propriétaire, moi impressionnée et Joaquin nostalgique de toutes les vacances qu’il a passé ici quand il était enfant et qu’il vivait encore au Mexique. Nous allons ensuite visiter la fameuse maison de Pablo Neruda, gigantesque poète chilien communiste.

           Après une petite sieste, nous nous préparons pour "carretear"*, avec Gabriel, un ami de Joaco, acteur qui a fait des ravages dans une ou deux séries chiliennes super connues, sa sœur et son mari, et Leo. Ambiance festive, style fête foraine avec plein de petits jeux. D’emblée, mes quatre compagnons masculins se lancent le défi du "palo"*, un bout de bois planté dans le sol, assez haut et glissant, sur lequel il faut se hisser à la force des bras et des jambes pour aller sonner une petite clochette. Joaco s’essaye en premier et fait rapidement sonner la clochette sous les applaudissements des spectateurs. Leo se lance à son tour et y arrive aussi au prix de quelques gouttes de sueur supplémentaires. Compétition masculine oblige, Gabriel tente sa chance, mais s’essoufflera avant d’atteindre le haut…"Empanada"*, pomme d’amour, "cueca"*, una "chela"*, dos chelas, tres chelas,…et nous partons visiter une autre fonda, plus populaire, plus de village "El regreso de la diuca"* (la diuca est un oiseau, mais est aussi utilisé pour désigner le sexe masculin !) "Las mejores empanadas de pino para 500 pesos, una botella del mejor Pisco Sour para 5000 pesos, los mejores precios y la mejor musica en…El regreso de la diuca, donde nos divertimos muchissimo !!"* Plus kitsch je ne connais pas, exception faite des DJs des stations de ski, qui arrêtent la ___pmolikjmusique pour faire la promotion des produits du supermarché Spar ! Le groupe de musique nous vient d’un endroit irréel, chanteur bidonnant, aux cheveux longs et gras, avec des bagues aux doigts, une chaîne en or avec une croix en pendentif, une veste beaucoup trop courte bleue turquoise et un pantalon noir à pinces, qui danse avec deux balais dans le…Le reste du groupe est du même acabit, je vous laisse imaginer ! Je suis rassurée de voir que je ne suis pas la seule à halluciner. Crise de rire…Un peu de danse et beaucoup de foutage de gueule plus tard, nous rentrons, impressionnés par cette réalité beauf…Ils sont vraiment partout, les beaufs !

            Une courte nuit, nous déjeunons chez Pato (le papa de Joaquin) et nous partons profiter du soleil à la plage. Nous partons, avec une petite serviette, un maillot de bain slip super moche (celui de Joaco, moi je n’en ai évidemment pas pris !), une paire de chaussure (la mienne, Joaco a décidé d’y aller pieds nus parce que la plage est tout à coté), un poncho pour la sortie de l’eau et deux appareils photos.  De toute façon il n’y a presque personne dans l’eau parce que elle est beaucoup trop froide, tellement qu’elle te gèle les os et qu’elle en devient brûlante ! Joaco fait quand même un petit plongeon, puis nous longeons la plage jusqu’au bout, nous quittons la grande plage de sable fin pour arriver à la encore plus grande plage de sable beaucoup plus gros, tellement gros qu’il fait mal aux pieds. J’en profite pour remettre mes chaussures et Joaco souffre en silence. Nous arrivons à un endroit qui ne figure pas sur les cartes, une jolie petite crique rocailleuse, bien isolée, ou le soleil s’engouffre faiblement, avec un petit bassin assez profond pour se baigner. Adam et Eve prennent alors un bain glacial dans cette eau qui nous vient directement de l’Antarctique. Le retour se complique pour Joaco, qui a le choix entre le sable épais de la plage ou le chemin terreux et caillouteux de la route qui longe la plage. Au comble du désespoir, nostalgique de ses jolies chaussures qui l’attendent patiemment au cabanon, Mac Gyver se fabrique de jolies sandales 100% artisanales avec une semelle de cochayuyu (algue) sèche et des lacets de feuilles de palmiers ! "Pobrecito"* mais bon, c’est bien fait, il l’a cherché ! A peine arrivés, on repart en catastrophe sur la plage, suivis de Benja, le demi-frère de Joaco et sa copine, pour voir le coucher du soleil du haut des rochers. On court et on arrive enfin sur les rochers, le souffle coupé par la petite course et par la beauté de ce coucher de soleil. De retour à la cabaña, "tomamos once todos juntos"*. Joaquin prend sa guitare et me chante des jolies chansons qu’il a composé pendant que je rince tous les beaux coquillages que nous avons ramassés pour en faire des jolis cendriers.

               Une petite balade en ville et Joaco me conduit dans un endroit surprise, il refuse de me dire ou il m’amène. On se gare, on descend de la voiture, on escalade nonchalamment une barrière en bois, on s’égratigne les jambes au passage, on avance à pas de loup parce qu’on ne voit pas à deux mètres devant nous avec cette nuit noire et on s’arrête…On est à Cantalao, un terrain qui appartenait à Pablo Neruda (qui appartient toujours à la Fondation Neruda), un terrain assez grand, une belle pelouse et des visages tordus taillés dans la pierre écrasés sur le sol qui nous regardent sans s’étonner de notre présence si clandestine soit elle. Et la mer, les vagues, et le ciel, les étoiles, et le vent, le silence…c’est magique. Si la Terre avait été plate, nous serions forcément à une extrémité. La mer, l’horizon qu’elle nous laisse voir et plus loin une cascade gigantesque qui arrose le ciel et les étoiles et se perd dans le vide. Une atmosphère mystique, qui fait froid dans le dos si on se prend à imaginer de telles choses…Mais quelle honte qu’ils aient fermé cet endroit au public, "que cabrones, huevon !"*, d’autant plus que Pablo Neruda, en bon communiste qu’il était, disait "mi casa es la del pueblo"* !!

Le lendemain nous partons avec Patricio dans sa maison de campagne, complètement perdue dans les terres, où sa femme élève des abeilles. On se prépare un déjeuner "rico"* on arrose les plantes de la maison, on passe voir les ruches et on fait une petite sieste. On est bien reposés et on peut rentrer affronter Santiago… "Feliz cumpleaño Chile, la pasamos chancho !"*

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